Ceux avec qui j’ai pu échanger avant mon départ pour l’Afrique du Sud le savent : le moment que j’appréhendais le plus de ce périple, c’était la nuit à passer en solo au milieu de la brousse.

J’y ai tellement pensé à cette nuit-là. Avant d’acheter mon billet d’avion, pendant que je magasinais mon matériel de survie, en vol à 10 000 mètres au-dessus de l’Atlantique, la nuit précédant le Jour-J… Cette nuit-là, la veille, j’ai à peine fermé l’œil. Et pourtant ça ne m’aurait vraiment pas fait de tort de mettre en banque quelques heures de sommeil, sachant ce qui m’attendait!

Drôle de hasard

Pour cette nuit, j’avais le droit d’emporter avec moi cinq items seulement. Je les avais déjà soigneusement choisis depuis belle lurette; que voulez-vous j’avais tellement cogité cette nuit de camping mémorable! Ce qui était certain, c’est que dans ma valise, je mettrais ma tente. Pas question de dormir à la belle étoile.

Sur place, premier revirement de situation : on nous annonce que seuls quatre articles pourront finalement être emportés. Tour à tour, les membres du groupe allaient piger un item au sort et, résultat du hasard, cet article ne pourrait nous accompagner pendant notre nuit en solo. Nous allions devoir faire sans… à moins – deuxième revirement de situation – de sacrifier deux articles de survie à la place.

Mon tour se présente. Je pige, bien évidemment, la tente. En quelques secondes, je négocie avec moi-même : quels sacrifices suis-je prête à faire? Quels sont mes besoins prioritaires? Qu’est-ce qui est non négociable?

Avoir un abri – ne serait-ce qu’en nylon – alors que je dormirai dans l’obscurité la plus totale dans l’habitat de centaines d’animaux et d’insectes qui me sont inconnus, c’est non négociable, ai-je tranché. Je partirais donc avec trois items seulement.

L’importance de savoir prioriser

L’exercice débute en fin d’après-midi. Me sentant bien petite dans mes culottes d’exploratrice, je traîne mon maigre équipement : une tente, une hachette, un allume-feu. Pas d’eau, pas de nourriture, pas de lampe de poche, que quelques vêtements car les nuits sont froides pendant cette période hivernale.  J’ai pour consigne de marcher pendant trente minutes avant d’établir mon campement pour la nuit.

Où s’installer? C’est là une décision importante, mais une décision qui doit être prise rapidement. Pas le temps de faire le tour de la savane vingt fois : il faut partir un feu avant que la nuit ne se pointe le bout du nez. Si je tarde trop, la rosée s’installera et il me sera impossible d’allumer la moindre flamme. La nuit sera donc noire et froide.

Je sais peu de chose sur la vie sauvage, mais je sais ceci : la tombée de la nuit marque le coup d’envoi de la chasse pour les prédateurs. Je sais aussi que le feu est l’un des seuls mécanismes à ma portée pour les tenir à l’écart.

Je choisi donc mon « spot », un endroit surélevé, pas très loin d’un arbre tout sec. Hachette en main, je pars à la recherche de bois, débite un arbre entier – le feu doit tenir jusqu’au matin – et, coup de bol, allume la flamme comme si j’avais fait ça toute ma vie, starter un feu au cœur de la brousse.

Nuit blanche

Je ne dors pas de la nuit, mais je suis d’un zen à toute épreuve et en plein contrôle de mes moyens. Je veille mon feu patiemment. Je suis à l’écoute de mon environnement.

Mes réserves de bois se consument rapidement, mais je réalise que le chicot à côté duquel j’ai planté ma tente brûle à merveille sans que je n’aie à m’aventurer plus loin pour dénicher du bois.

Je soupçonne que le voisin dont j’entends la respiration tout près est un phacochère, mais je me répète que ce sanglier sauvage bien connu des fans du Roi Lion est un animal nerveux qui n’osera pas m’approcher.

Les pires scénarios s’imposent à mon esprit, mais je les chasse aussitôt et ne laisse pas mon cerveau imaginatif créer un film d’horreur de toutes pièces.

À ma grande surprise, je prends plaisir à cette nuit dépaysante et déstabilisante.

À la rencontre de soi

On parle souvent de mindset. C’est cet état d’esprit qui fait en sorte que la même épreuve puisse paraître traumatisante pour l’un et enrichissante pour un autre.

« S’installer dans le bon mindset, ce n’est pas toujours facile. Mais le plus difficile, c’est de maintenir le bon mindset quand les choses se corsent. »

En rétrospective, cette nuit-là, je l’ai vécue comme une belle rencontre avec moi-même. Au petit matin, j’étais en un seul morceau, emplie de fierté et, étrangement, d’une grande dose d’énergie. Le paradoxe ne m’échappe pas : LA chose qui me stressait le plus s’est transformée en l’expérience la plus payante de tout mon voyage.

Et en affaires?

En tant qu’entrepreneur, on a des projets plein la tête et on s’aventure souvent en zone inconnue. On prépare nos projets soigneusement, on planifie, on organise, on mesure et soudainement, une variable inconnue s’invite dans la partie.

La gestion de l’impondérable devient une réalité quotidienne en affaires. On doit apprendre à être plus à l’écoute de notre environnement, à anticiper les risques, à gérer notre stress et à savoir prioriser. Ces compétences sont essentielles pour persévérer comme entrepreneur.

Il est important de savoir garder un bon mindset et de ne pas laisser les peurs et les doutes prendre le dessus sur nos actions. Avoir confiance en soi et en ses capacités est primordial pour avancer dans la réalisation de projets et pour prendre des décisions rapides et importantes.

On doit savoir s’adapter rapidement et efficacement aux changements. Il faut savoir quelles sont les priorités absolues pour continuer à être en mouvement malgré les obstacles qui se dressent sur notre chemin.

L’entrepreneuriat, qu’est-ce que c’est à la base?

  • Déterminer un but clair, précis, suffisamment important pour « rester focus »
  • Tester, explorer et apprendre de ses erreurs
  • Être à l’écoute de son environnement, anticiper les risques et gérer son stress
  • S’avoir bien s’entourer
  • Maintenir un mindset positif et ne pas laisser les peurs et les doutes prendre le dessus
  • Savoir s’adapter rapidement et efficacement aux changements
  • Prendre des décisions rapides et savoir quelles sont les priorités absolues
  • Savoir transformer les imprévus en opportunités
  • Être indulgent envers soi-même et prendre soin de soi
  • Gérer son énergie physique et mentale
  • Cette nuit solo m’aura certainement amenée à avoir davantage confiance en mes capacités et mes compétences. Comme quoi de transformer les imprévus en opportunités et garder son sang-froid deviennent des forces inestimables dans la jungle des affaires!